YANN
Date d'inscription : 04/03/2007 Localisation : Arés (cap Ferret, bassin d\\\'Arcachon)33 Nombre de messages : 1147 Réputation : 11
| Sujet: Civelles où êtes vous ?.... A LIRE 14/2/2009, 10:36 | |
| Pêche à la pibale.
Quelques irréductibles cherchent l’or blanc de l’estuaire, régal des Espagnols à Noël
| Un filon qui attise les convoitises | Alevin de l’anguille, la pibale est un sacré phénomène. Née dans la mer des Sargasses, au large des Bermudes, elle passe sa première année de vie à traverser les océans pour rejoindre les côtes européennes et s’engouffre dans les estuaires où elle grossira dix ans en eau douce. Depuis toujours, les pêcheurs l’attendent, en plein cœur de l’hiver. Longtemps elle n’a servi qu’à nourrir la volaille. Et puis la passion des Espagnols pour ce petit ver translucide, festin des réveillons, a fait monter les cours. Beaucoup de maisons de l’estuaire se sont construites sur l’argent de la pibale. Aujourd’hui, pourtant, on ne compte plus que 49 pécheurs en Gironde, contre près de 300 il y a 20 ans. « La pollution de la ville et de l’agriculture, ainsi qu’une pêche soutenue ont décimé ce poisson juvénile très sensible », souligne Olivier Lalemand, aux affaires maritimes. Il faut donc désormais une licence spéciale pour le pécher, du 15 novembre au 1er avril. Ce qui n’empêche pas un braconnage important, motivé par les prix faramineux. « En remontant les filières, on découvre que certains restaurateurs ou des mareyeurs Espagnols se rendent de nuit dans de minuscules ports pour acheter illégalement les alevins », dénonce le spécialiste. De son côté, la Chine, et ses immenses bassins de pisciculture, s’intéresse aussi de très prêt au petit poisson. Personne n’a en effet encore réussi à faire se reproduire l’anguille en captivité. Ses œufs d’or n’ont pas fini de faire rêver. Gastronomie La pibale atteint cette année des prix records, qui oscillent entre 500 et 600 euros le kg. Elle se déguste frite avec de l’ail et du persil, ou au court-bouillon. On n’en trouve cependant quasiment plus, ni sur les marchés ni dans les restaurants bordelais. | « Il y a un siècle, on en trouvait même dans les puits » | Lorsqu’il déploie les filets de part et d’autre du chalutier, son bateau ressemble à un grand papillon d’eau. Coco Martin a 62 ans, bientôt 50 passés au fil de l’estuaire. Son père et ses trois frères étaient pêcheurs. Ses deux fils y sont venus aussi, et avec leurs embarcations amarrées à côté de son « Zéphir », ils peuplent à eux seuls le petit port des Callonges (commune de St Ciers sur Gironde). De la maison au bateau, il n’y a que quelques pas, et c’est heureux car Coco Martin les fait tous les jours. Deux fois par jour. À chaque marée, il prend le large. « La pibale, c’est 60 à 70% du chiffre d’affaires de l’année, souligne-t-il. Pendant les quatre mois d’hiver, il n’y a aucun autre poisson à pêcher. Autrefois, tout le monde venait en profiter. Dans tous les ports, tous les canaux, les gens pêchaient à pied avec un tamis. Ils sortaient la nuit et attiraient le poisson à la lanterne ». Lui-même n’a recours aux filets latéraux que depuis les années 70. Quatre heures durant, il longe la côte lentement, relevant toutes les demi-heures les grandes chaussettes de maille dans lesquelles se prennent les alevins. « Y a pas grand produit » souffle le pêcheur devant la petite poignée de pibales à laquelle se mêlent quelques goujons. « Les premiers temps on ramenait jusqu’à une tonne par saison, se souvient-il. Aujourd’hui faut pas compter plus de 120 kg ». Mais les prix ont grimpé proportionnellement à la pénurie, et Coco Martin veille sur sa précieuse récolte. Immédiatement nettoyée et passée dans un tamis, elle sera vendue à peine débarquée. Le long du quai, l’acheteur est déjà là. Lui aussi suit le rythme des marées. Aujourd’hui, il repartira avec 300 grammes sous le bras. Un butin vite cédé à un grossiste, puis stocké dans un vivier à Orly. Dans moins d’une semaine, les pibales auront rejoint les bassins d’une province chinoise. Bien loin de Coco Martin et des brumes de la Gironde. |
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